Quelle stratégie pour la fin de l’année ?

novembre 2017

La visibilité des marchés financiers en cette fin d’année est favorable. La dynamique de croissance se confirme partout dans le monde et ne devrait pas connaître de recul significatif au cours de ce trimestre. Cela a permis au cours du mois d’octobre aux banques centrales de clarifier leurs stratégies futures : accommodantes pour la BCE et la Banque du Japon, restrictives pour la FED et pour la Banque d’Angleterre qui a relevé ses taux directeurs de 0,25% à 0,5% le 2 novembre. Peu à peu, les banques centrales vont mettre un terme à l’ère de l’argent facile en espérant que la fermeture plus ou moins rapide du « robinet à liquidités » sera sans conséquences fâcheuses pour la croissance économique et pour les marchés financiers. Les marchés saluent cette normalisation progressive et même si 2018 pourrait comporter certains risques sur lesquels nous reviendrons prochainement, la fin de l’année devrait se situer dans le prolongement des 10 premiers mois de 2017. Les tensions qui ont eu un effet négatif en 2017, (élections aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, référendum catalan et escalade verbale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord) devraient avoir désormais moins d’influence sur les marchés financiers. La diplomatie de Donald Trump étant tellement proche de celle du Chaos que l’on peut tabler sur un faible interventionnisme américain à l’extérieur.

Les tendances actuelles devraient donc se poursuivre : surperformance des actions et des secteurs cycliques en favorisant les zones les moins chères à savoir la zone euro, le Japon et de façon sélective les émergents.
Sur la semaine écoulée, les marchés ont tous été positifs : +1,03% pour l’Eurostoxx50, +0,43% pour le CAC 40 et +2,63% pour le DAX. Le Dow Jones affiche une hausse de +0,45% et le Nasdaq de +0,94%, les marchés US battant de nouveaux records. Le NIKKEI a continué sa progression avec +3,68% suite aux solides résultats d’entreprises, il se situe à des plus hauts de 21 ans. Sur les 50 sociétés ayant publié, 33 ont surpris positivement. La BoJ a décidé de maintenir sa politique monétaire ultra-accommodante.

Les chiffres économiques US confirment la nécessaire hausse des taux.

Une incertitude est désormais levée, J. Powell sera le prochain président de la Fed. Conformément aux attentes du consensus, la prochaine hausse des taux aura lieu en décembre les portant à [1,25%-1,50%] lors de la réunion du 13 décembre avec une probabilité de 92,3%. Pour l’année 2018, les incertitudes ont aussi diminué avec cette nomination. Son mandat va se situer dans la continuité car Powell a pris des positions identiques à celles de Janet Yellen depuis qu’il a été nommé gouverneur de l’institution en 2012. Ces dernières semaines, le président américain avait mis en avant les candidatures de John Taylor et de Kevin Warsh, partisans d’une politique monétaire plus restrictive. Se confirme un pragmatisme de Trump avec dans les faits des actes plus consensuels que ses prises de positions et ses tweets. Les autres nominations à venir auront certainement un biais un peu plus restrictif pour faire plaisir à sa majorité acquise au camp des « faucons ». Wall Street a salué cette nomination car il n’y aura pas de rupture dans la politique monétaire de la Fed.
Nous commençons à avoir un peu plus d’éclaircissements sur les orientations en matière de politique économique. Le dernier texte proposé par les républicains de la chambre des Représentants vise à réduire les impôts pour les ménages et les entreprises. Les principales mesures annoncées portent sur une baisse de l’impôt des sociétés à 20% (vs 35% actuellement), une suppression des crédits d’impôts dans certains cas et une réduction du nombre de tranches de l’impôt sur le revenu de sept à quatre (12%, 25%, 35% et 39,6%). Une famille américaine moyenne devrait économiser 1182$ par an. L’objectif est aussi d’améliorer la compétitivité des entreprises américaines en les poussant à rapatrier leurs activités sur le territoire. La proposition consiste à taxer à 20% les transferts entre les différentes entités des groupes sur le sol américain et leurs contreparties intra-groupes à l’étranger pour lutter contre les mécanismes d’optimisation des grands groupes. Ces derniers utilisent les prix de transferts pour générer leurs bénéfices dans les pays où la taxation est la plus faible. Les discussions vont se poursuivre et la question du financement de ce programme ambitieux n’est pas résolue. Les mesures proposées aboutiraient à une hausse du déficit de 1500 Md$ au cours des 10 prochaines années, ce qui est peu acceptable pour beaucoup d’élus républicains. Donald a néanmoins une baguette magique, celle de revoir à la hausse les prévisions de croissance et d’inflation pour intégrer l’impact de ces mesures, stratégie assez risquée qui pourrait ne pas être suivie par les républicains.

Les données macroéconomiques de la semaine confirment le dynamisme de l’économie US : 261k nouvelles créations d’emplois en octobre, inférieures aux estimations, PMI manufacturier d’octobre en hausse à 54,6pts et l’ISM manufacturier à 58,7pts (vs 59,5 est.). Le taux de salaire horaire a ralenti à +2,4%, après +2,8% en septembre avec un taux de participation qui est retombé à 62,7 après 63,1% en septembre. Du côté des entreprises, sur les 399 sociétés du S&P-500, 76% ont surpris positivement, ce qui justifie la tonicité des marchés financiers mais les niveaux de valorisation deviennent tendus.

La semaine a aussi été marquée par la très bonne tenue du prix du baril de pétrole qui s’installe au- dessus de 60 $/b de Brent. On constate une nette diminution du nombre de stations de forage actives aux Etats-Unis et une baisse des stocks américains d’essence et de produits distillés. Les tensions sur l’offre sont suffisantes pour permettre de passer des hausses de prix mais tout va dépendre de la stratégie des producteurs américains d’ouvrir de nouveaux puits ou de se concentrer sur la rentabilité.

Une Europe affaiblie par des politiques locales affligeantes !

Le risque politique va-t-il réapparaître en Europe ? Les tensions en Catalogne restent fortes avec l’arrestation de plusieurs responsables indépendantistes la semaine dernière. Madrid continue sa reprise en main mais on voit mal la pertinence des prochaines élections du 21 décembre si les dirigeants politiques qui doivent faire campagne sont en prison. Les derniers sondages font état d’une dynamique légèrement plus favorable pour les indépendantistes, créditant l’ensemble des partis indépendantistes entre 75 et 78 sièges au total, dont 60 sièges pour les deux partis du gouvernement. Toutefois, l’antagonisme des deux partis réduit la probabilité d’une victoire et une normalisation pourrait donc être trouvée avec des concessions nécessaires de part et d’autre. Les élections régionales en Sicile de ce week-end ont montré une dispersion des votes et confirment la capacité du centre droit italien à contrer le parti eurosceptique M5S. La coalition, soutenue par Silvio Berlusconi est arrivée en tête avec une courte avance face au M5S pour le poste de gouverneur de Sicile alors que la bataille s’annonçait serrée. Doit-on alors pour 2018 envisager un retour aux affaires de Berlusconi ?
En Europe, sur les 200 sociétés ayant publié leurs résultats trimestriels, seulement 54% ont surpris positivement (vs 76% aux Etats-Unis). Le PMI manufacturier de la zone euro est ressorti en très légère baisse à 58,5pts pour le mois d’octobre (vs 58,6 en septembre). Ils sont meilleurs en Espagne et en Italie et moins bons en France.

Nouvelle progression pour les actifs risqués européens ?

L’EUR/USD se situe aujourd’hui en dessous de 1,16. Il devrait rester orienté à la baisse et aller vers les 1,14 qui correspond à un support technique. En conclusion, on devrait assister à un soutien des actions européennes avec une diminution de la prime de risque. L’indice de la perception du risque reste à un niveau toujours très faible. Les govies périphériques € devraient également bien se comporter en raison du soutien apporté par la BCE, situation inverse pour les pays « core ». Nous restons négatifs sur les actions américaines même si ces dernières devraient bénéficier de la hausse du dollar.

Lettre hebdomadaire n°5, lundi 6 novembre 2017 Jean-Noël VIEILLE- Chief Economist HPC membre du Groupe OTCex

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