« Se faire peur pour pas grand-chose en se trompant d’élections ! »

avril 2017

Attentats, campagne électorale sans idées fortes, dépolitisation et affaires judiciaires ont largement perturbé cette élection présidentielle et ont créé une tension élevée sur les marchés financiers européens. L’affaiblissement du clivage gauche-droite, l’émergence d’En marche, la consolidation de l’extrême droite et le regain de la gauche radicale créent une nouvelle donne politique en France. Le résultat du premier tour est conforme aux sondages avec une victoire d’Emmanuel Macron et une deuxième place à Marine Le pen, ce qui devrait amener une certaine sérénité au niveau des marchés financiers. Désormais il faut se tourner non plus vers le deuxième tour qui est joué mais plutôt vers la problématique des élections législatives qui permettront de donner à la France un gouvernement donc une ligne politique. Il est surprenant qu’au cours de cette campagne présidentielle inédite dans son déroulement, la question de la composition des alliances et de l’exercice du pouvoir n’ait jamais été posée. Les scénari existants convergent tous vers une probable cohabitation car l’éclatement des partis politiques historiques ne permet plus à personne de disposer d’une majorité. Est-ce pour autant un problème ? Cette situation a déjà été plusieurs fois expérimentée en France au cours des dernières années sans qu’il n’y ait eu paralysie de l’exécutif. A la limite, ceci pourrait amener une nouvelle façon de faire de la politique avec plus de pragmatisme et le candidat Macron dispose de cette capacité consensuelle puisqu’il s’inscrit dans une voie jusque là inconnue en France, le ni droite, ni gauche.

Le sentiment que l’issue du vote ne serait pas extrême a conduit à ce que les indices boursiers ont enregistré un début de reprise sur certaines places la semaine dernière, sauf Londres en raison de la décision de Theresa May de créer de nouvelles élections en Juin : -0,89% pour l’Eurostoxx50, +1,38% pour le CAC 40 et +0,40% pour le DAX. Le DJ affiche aussi une hausse de 0,46% et le Nasdaq de +1,82%, tiré par de bonnes publications de résultats. Le NIKKEI a marqué une reprise de +1,56%.

Et après …. ?

Nous devons déjà nous estimer heureux puisque le résultat des élections nous évite un worst case scénario qui aurait vu une forte baisse des marchés comme en 1981, voire pire, -22% où bien -30% lors de la crise financière des dettes publiques en 2011.

Désormais la question qui se pose n’est plus celle de la victoire au deuxième tour mais celle de la composition de la nouvelle chambre parlementaire. Les études actuelles ne donnent pas de majorité aux candidats qui vont se réfèrer à la majorité présidentielle. Ainsi une première approche donnerait environ 39% à En marche, 49% aux Républicains (donc très proche de la majorité absolue et de la capacité à gouverner), 1% (moins de 10 députés) pour le front national et environ 10% des députés entre Mélanchon et le parti socialiste qui sera à n’en pas douter le grand perdant de ces élections. La gouvernabilité du pays sera le sujet majeur de l’après deuxième tour. Les marchés devraient être rassurés car ce nouveau parlement sera en faveur du développement des entreprises, de la baisse des taxations couplée à une volonté de diminuer les dépenses publiques. Les débats les plus difficiles politiquement avec des risques sociaux élevés seront toutefois ceux de l’évolution de l’assurance chômage et du financement et de l’avenir des retraites.

Les réformes resteront ainsi difficiles à mettre en place dans un contexte d’absence de majorité absolue. Ces projections ne prennent toutefois pas en compte l’effet d’entraînement du vainqueur de l’élection qui pourrait alors amener les députés d’En marche à un score plus élevé. Tout dépendra aussi de la faculté de négociation d’Emmanuel Macron. Plus que vis-à-vis d’un PS très affaibli, il dispose d’une possible attractivité en direction de députés Républicains. L’échec de Fillon va terriblement affaiblir cette famille et il n’est pas exclu d’assister rapidement à des ralliements importants. On peut déjà citer sans trop prendre de risques, Estrosi, Raffarin et éventuellement Alain Juppé. Ce n’est qu’avec ce type de stratégie qu’Emmanuel Macron aura une réelle majorité. Le choix du premier ministre sera alors déterminant ainsi que son ministre avec le parlement !

Une économie européenne en phase de rebond !

Sur le plan macroéconomique, les indices PMI composite d’avril confirment l’accélération de la croissance en Zone Euro : France (57,4 vs cons 56,2 ; un niveau record), Allemagne (56,3 vs cons 56,8), Zone Euro (56,7 un plus haut depuis avril 2011). Le niveau de confiance des consommateurs en avril pour la Zone Euro, bien que toujours négatif, s’est amélioré plus que prévu (-3,6 vs -5 en mars). Concernant l’indice des prix à la consommation, il a augmenté de 0,8% en mars dans la Zone Euro et a progressé légèrement moins que prévu en Allemagne (+3,1%).

La BCE conservera sa politique monétaire accommodante encore longtemps, comme l’a encore rappelé M. Draghi en indiquant que malgré l’amélioration des perspectives de croissance économique, le taux d’inflation reste trop faible pour justifier une réduction du programme d’achats d’actifs. Celui-ci ne devrait être annoncé qu’en septembre 2017 pour une mise en œuvre en 2018, ce qui laisse une opportunité à court terme pour la hausse des marchés financiers.

Du côté US, les tensions géopolitiques avec la Corée du Nord se sont détendues après les propos tenus par le conseiller américain à la sécurité nationale, le Général McMaster, indiquant que Donald Trump n’envisageait pas d’action militaire pour le moment. Les Etats-Unis et leurs partenaires (Chine incluse), étudieraient un éventail d’options après le dernier test de missile effectué par Pyongyang. Sur le plan économique, le Secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin a indiqué que la Maison Blanche dévoilerait “très bientôt” son projet de réforme fiscale qui devrait être achevé d’ici la fin de l’année. Dans son Beige Book, la Fed a décrit une croissance économique américaine en demi-teinte et indiqué que les tensions inflationnistes restent “modestes”.  La consommation des ménages est restée mitigée, ce qui ne plaide pas en faveur d’une accélération de la hausse des taux directeurs. Les marchés n’anticipent plus qu’une seule hausse cette année. Cela a d’ailleurs été conforté par les données plus faibles qu’attendu publiées cette semaine (l’indice des prix à la consommation, l’indice Empire Manufacturing, l’indice de confiance des promoteurs immobiliers, les demandes d’allocations chômage, …). Enfin, concernant les résultats, sur les 82 sociétés du S&P 500 qui ont publié leurs chiffres, près de 75% ont dépassé le consensus. Les bénéfices des sociétés sont attendus en hausse de 11,1% au T1, ce qui marquerait la meilleure performance depuis 2011.Ces bonnes nouvelles ont fait reculer le VIX, indice de volatilité de plus de 5% à 14%.

En route pour la hausse !

Les éléments d’incertitudes concernant les élections françaises étant évacuées, plus rien ne s’oppose d’un point de vue théorique à la hausse des marchés financiers et en particulier des actions. Nous allons en effet bénéficier en plus des versements des dividendes et d’un attrait certain pour les actifs à risques pour au moins 6 mois avant que les banques centrales ne décident de s’engager dans une augmentation des taux plus forte.

Source : Lettre hebdomadaire 360 Hixance am n°232, lundi 24 avril 2017 – Jean-Noël VIELLE – Directeur de la gestion

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