Premières perspectives pour l’année 2017

novembre 2016

… pas si simple !

Semaine encore haussière surtout pour les marchés américains, en dépit de Thanksgiving et du black Friday. Cette poursuite de la hausse s’explique d’abord par la publication de plusieurs indicateurs économiques toujours très favorables qui confirment le bon momentum de l’économie US. Ainsi, l’indicateur PMI manufacturier pour le mois de novembre est ressorti à son plus haut niveau depuis octobre 2015 à 53,9 vs 53,5. Dans la même logique, les commandes de biens durables ont nettement dépassé les attentes, +4,8% vs +1,7% et l’indice de confiance des consommateurs est également en progression. Ceci a eu pour conséquence de faire croître le rendement du 10 ans américain, au plus haut de l’année à 2,366% et le dollar a poursuivi sa progression. On s’achemine donc très certainement vers une remontée des taux des Fed Funds, le probabilité étant désormais proche des 100%. La question que l’on serait ainsi en droit de se poser est celle de l’intensité de cette remontée et du nombre de hausse en 2017 si l’embellie se poursuit. Autre facteur de soutien : la progression du pétrole suite au propos du ministre iranien du pétrole jugeant très probable l’aboutissement de l’accord de réduction de production de pétrole lors de la prochaine réunion en milieu de semaine, le 30 à Vienne. Ceci nous conduit cette semaine à répondre à quelques questions clefs qui nous permettront de construire notre stratégie d’investissement sur le début 2017.

Ainsi, la semaine passée, les indices boursiers ont connu une évolution assez comparable selon les zones géographiques : +0,91% pour l’Eurostoxx50, +1,02% pour le CAC40 et +0,33% pour le DAX. Le DJ affiche aussi une hausse de +1,43% et le Nasdaq de +0,56%. Le NIKKEI a poursuivi sa bonne progression avec +2,90%, bénéficiant de la poursuite de la dépréciation du yen.

Vers un prix du baril de pétrole à 75 $ en 2018, cause de la hausse de l’inflation ?

Cette question est importante pour calibrer l’évolution des marchés financiers sur ce début d’année car on a constaté une très forte corrélation positive entre prix du pétrole et prix des actifs financiers à risques. Pour l’instant la consommation reste en hausse mais l’évolution de la production est supérieure d’où l’accroissement des stocks (600 millions de barils soit 6 jours de consommation mondiale) et la pression sur les prix. L’Opep continue de produire davantage à l’image de l’Arabie saoudite et de l’Iran, d’où l’importance de la réunion de Vienne. Il est toutefois peu probable que la réduction de production soit très importante. Ainsi, avec une demande des pays émergents à +3% par an et à l’égard du niveau élevé des stocks, la hausse des prix devrait en 2017 rester assez modérée. Ce n’est qu’à partir du deuxième semestre que la hausse devrait s’accélérer pour l’amener en 2018 vers les 75$, ce qui permettra au pétrole américain issu du schiste de redevenir progressivement compétitif. Cela signifie aussi que l’on devrait assister à une amélioration de l’économie des pays pétroliers avec en premier lieu le Brésil et la Russie, mais les importateurs auront une évolution inverse comme l’inde, la Corée du Sud et aussi l’Afrique du Sud. Pour les pays occidentaux, les conséquences seront une hausse de l’inflation. Avec des perspectives de +2,5% aux US en 2017 vs +1,5% et +1,7% en 2017 vs +0,5%, conditionnant ainsi la hausse des taux d’intérêt, on peut alors anticiper une rupture très importante et la fin des politiques monétaires accommodantes.

Etats-Unis : Vers une politique économique à contre sens ?

Les chiffres économiques publiés récemment semblent confirmer que cette économie est proche du plein emploi. Un élément significatif est la hausse des salaires moyens, + 3% dont une progression de +6% pour les salaires les plus bas, qui impactent fortement des groupes comme Wal Mart ou Amazon. Il est difficile pour l’instant de comprendre les marges de manœuvre dont Trump va disposer dès son entrée en fonction, nous devrions assister assez rapidement à la baisse du taux effectif d’impôt des sociétés qui pourrait passer à seulement 15% (baisse de 20 points) et de celui des ménages. Cette politique taxée de « reaganienne » devrait conduire à une forte hausse du déficit public qui pourrait passer de 5 à 6% du PIB en 2018. De plus, le frein à l’immigration dans un contexte de plein emploi pourrait entraîner une forte hausse des salaires dans un contexte où les entreprises ne parviennent pas à augmenter leurs prix. Cette hausse des coûts ne pourra se répercuter. On doit donc s’attendre à une baisse des marges des entreprises US, pénalisées aussi par la hausse du dollar.
La croissance US pourrrait aussi être pénalisée par la politique anti immigration puisque l’on sait que la moitié de la hausse de la population active est liée à cette immigration, donc un arrêt de celle-ci va ralentir la demande donc la croissance US. Bref, le scénario économique n’est pas très favorable : poursuite de l’accélération des salaires et moindre croissance dans un contexte de baisse de la productivité.

Europe : vers un ralentissement de la croissance ?

Le scénario de la progression du pétrole va également freiner la croissance européenne, sa baisse récente ayant apporté environ 2 points de PIB. On comprend donc que la timide croissance que l’on connait en ce moment pourrait être réduite à zéro dans les années à venir. En Europe la question est aussi largement politique. Nous ne pensons toutefois pas que le prochain référendum italien aura un impact négatif pour les marchés. En effet, la probable défaite de Renzi le conduirait à démissionner mais il sera probablement immédiatement renommé par le Président de la République donc il n’y aura pas de réel changement et certainement pas de nouvelles élections.

2017, année encore assez peu visible dans un contexte de hausse des taux

L’année 2017 sera celle de la remontée des taux d’intérêt, d’abord aux US et ensuite par contagion en Europe. La BCE ne pourra pas s’y opposer et elle doit désormais préparer la sortie du quantitative easing. Nous allons donc assister à une remontée de l’inflation qui va aussi justifier la hausse des taux à long terme. On pourrait ainsi atteindre fin 2017 3,30 aux US, 1,10 pour le Bund, 2 en France et 3,40 en Italie. En revanche, les taux à court terme ne devraient pas bouger. Sur le crédit, l’économie continuant à s’améliorer, nous ne devrions pas assister à une détérioration de cette classe d’actifs car l’économie est en amélioration, les taux de défaut diminuent donc la baisse du risque devrait pouvoir comenser cette hausse des taux longs. Sur la partie actions, l’année 2017 devrait être plus difficile sur la partie américaine surtout après la très belle année 2016, donc il faudra désensibiliser les portefeuilles sur cette zone. Sur l’Europe, les entreprses vont bénéficier de la forte remontée du dollar et les profits des entreprises nous semblent avoir des marges de progression à la différence des US. Les valorisations semblent encore assez attractives, mais il faudra encore être très sélectif dans le choix des valeurs en privilégiant quelques secteurs (pharmacie, armement, banques, …) et en restant éloigné des secteurs mondialisés comme l’automobile, l’aérospatiale, …

Source : Lettre hebdomadaire 360 Hixance am n°212, lundi 28 novembre 2016 – Jean-Noël VIELLE – Directeur de la gestion

Avertissement : Ce document est un outil de présentation simplifié et ne constitue ni une offre de souscription ni un conseil en investissement. Il ne peut être reproduit, diffusé, communiqué, en tout ou partie, sans autorisation préalable.

jean-noel_vieille360-hixance-reseau-experts