N’est pas président des Etats-Unis qui veut !

mars 2017

Trump désavoué : des doutes pour les marchés financiers US

Après avoir perdu une première légitimité en étant contré par plusieurs juges sur la loi très restrictive sur l’immigration, Donald Trump a du reculer une deuxième fois devant le Congrès sur une de ses principales promesses électorales, la fin de l’Obamacare. Les investisseurs étaient très inquièts du risque politique en Europe mais c’est du côté des Etats-Unis qu’il pourrait ressurgir. La question est simple : Trump pourra-t-il mettre en œuvre son programme que Wal Street a largement salué dès le mois de novembre ? Ainsi, le projet de réforme de l’assurance-santé, connu sous le nom de “Trumpcare”, destiné à remplacer la loi Obamacare promulguée en 2010 n’a pas pu être soumis au vote du Congrès faute d’entente au sein du Parti républicain, qui dispose pourtant d’une majorité nette et n’a cessé de critiquer la loi de Barack Obama. Certains républicains ont pensé que le texte proposé était trop proche de l’ancien et d’autres qu’il était trop éloigné. Trump doit donc désormais gouverner avec des démocrates logiquement hostiles mais aussi avec des républicains finalement d’accord entre eux sur pas grand-chose. Trump sort ainsi très affaibli : il avait commencé son mandat avec une cote d’impopularité déjà assez élevée de 45% mais elle a encore augmenté pour atteindre 56 %, selon le sondage quotidien de Gallup.

Les indices boursiers ont plutôt marqué la pas la semaine dernière : -0,12% pour l’Eurostoxx50, -0,17% pour le CAC 40 et -0,26% pour le DAX. Le DJ affiche une baisse plus marquée de -1,52% et le Nasdaq de -1,22%. Le NIKKEI a marqué aussi une baisse de -1,67%.

Et maintenant, la réforme fiscale !

La baisse plus forte des marchés américains cette semaine s’explique par la remise en cause de la capacité de Donald Trump à mettre en place son programme de soutien à la croissance. La prochaine réforme attendue est celle de la réforme fiscale promise pour début mai. Rappelons que c’est cette réforme qui explique l’enthousiasme des marchés financiers et un nouvel échec serait alors sanctionné par la Bourse US. Il s’agit bien d’un problème purement politique car le président américain se heurte à la fois à un groupe de membres conservateurs (connu sous le nom de « House of Freedom Caucus », ex Tea Party) qui juge par exemple que le texte « Trumpcare » ne va pas assez loin dans la réforme et à des membres plus modérés qui craignent qu’un tel projet ne pénalise des millions d’américains (notamment les plus pauvres et les handicapés). Le passage à la réforme fiscale sera plus facile d’un point de vue politique car il devrait y avoir une majorité de députés favorables à ce texte même si la question du financement sera un peu plus compliqué à mettre en place puisque la modification de l’ « Obamacare » participait en partie à ce refinancement.

Un mot de cette réforme fiscale des Républicains au Congrès (DBCFT, Destination Based Cash Flow Tax). Cette réforme serait une opportunité pour réaliser deux promesses faites lors de la campagne (taxation des importations et baisse de l’impôt sur les sociétés) tout en maintenant l’équilibre des finances publiques (plus difficile à réaliser surtout sans le Trumpcare !). La mesure reste aussi totalement contraire aux règles de l’OMC et risque donc d’engendrer des réponses musclées de la part des partenaires commerciaux, en particulier de la Chine. L’impact haussier sur le dollar serait important (les économistes donnent des chiffres entre +10 et +20%). Cela dépendra aussi de la réaction de la FED et de sa lecture des effets de la réforme (impact inflationniste en raison de la hausse du coût des importations et de l’accélération de la demande). Le projet consisterait aussi à rendre les charges liées aux importations non déductibles fiscalement et par contre les exportations seront exemptes d’impôts. Par ailleurs, la loi stipule une déductibilité totale des investissements et une non déductibilité des intérêts d’emprunts. Le taux de la fiscalité sur les entreprises passerait alors de 35 à 20%.

La Banque Centrale américaine poursuit ses opérations de communication afin de préparer les marchés financiers à l’accélération du rythme de normalisation de sa politique monétaire. Deux de ses membres, R.S. Kaplan et N. Kashkari, souhaitent que l’institution se prononce sur les modalités de la réduction de la taille du bilan. J. Williams a confirmé aussi la cible de remontée des taux, tout en rappelant que l’intégration d’un surplus d’activité lié à la mise en œuvre des réformes de D. Trump conduirait la banque centrale à ajouter une hausse de taux dès cette année (4 plutôt que 3).

Europe : La croissance s’accélère en Zone Euro

Le risque politique europe et en particulier français semble s’être atténué cette semaine. A la suite du premier débat présidentiel de lundi, un sondage indiquait qu’Emmanuel Macron avait réussi à convaincre 29% des téléspectateurs, suivi de Jean Luc Mélenchon avec 20%. François Fillon et Marine Le Pen arrivaient troisième à égalité (19%) suivis par Benoit Hamon (11%). Les derniers sondages indiquent que la candidate FN (25%) serait distancée par le leader d’En Marche (26%) qui l’emporterait aussi avec 64% des voix lors du second tour. Theresa May a formellement annoncé son intention d’activer l’article 50 du traité de Lisbonne. Le processus du Brexit sera donc enclenché le 29 mars et laissera 2 ans au Royaume Uni pour clore les négociations concernant sa sortie de l’UE.

Du côté des indicateurs économiques, l’activité du secteur privé a fortement progressé en mars : les indices préliminaires PMI composite sont ressortis supérieurs aux attentes et en progression avec la France (57,6 vs cons 55,8 ; 55.9 en février) et l’Allemagne (57 vs cons 56 ; 56.1 en février). Le PMI composite pour la Zone Euro est ressorti à 56,7 (vs cons 55,3 ; 55.5 en février) confirmant le dynamisme de son économie. Il faut enfin noter que l’accélération de l’activité a été constatée dans les services (56.5 vs 55.4 en février) tout comme dans le secteur manufacturier (56.2 vs 55.4 en février).

Légère consolidation : une opportunité ?

On comprend désormais un peu mieux pourquoi le dollar n’est pas parvenu à progresser en dépit de la perspective de hausse des taux US. Les investisseurs commencent à douter de la mise en place du programme économique de Trump. De quelle ampleur sera l’écart entre les promesses et la réalité ? La valorisation des marchés américains intègrent assez largement une option fiscale, ce qui peut la rendre aujourd’hui contestable après l’échec majeur de Trump au cours des derniers jours. Cet incident devrait donc accroître la volatilité des marchés, amener une possible correction des marchés actions américains ou tout au moins une consolidation. Mais autant la remise en cause de l’Obamacare était difficile, autant nous pensons qu’il existe un consensus pour faire passer les mesures fiscales. Trump ne peut se permettre une nouvelle défaite aussi nous pensons qu’il parviendra à réunir sur ce texte un consensus politique aux Etats-Unis. Les actions de la zone euro semblent alors attrayantes à court terme : la croissance des bénéfices va accélérer et les valorisations sont faibles en termes relatifs. Les élections françaises vont être aussi un catalyseur important pour les actions européennes au deuxième trimestre.

Source : Lettre hebdomadaire 360 Hixance am n°228, lundi 27 mars 2017 – Jean-Noël VIELLE – Directeur de la gestion

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