Tout le monde s’est « trumpé »…

novembre 2016

…mais les marchés ont bien réagi !

Les craintes relatives à une éventuelle élection de Donald Trump étaient bien réelles et nous faisons bien volontiers notre mea-culpa sur l’erreur d’analyse politique, cf notre lettre de la semaine dernière. Inutile de revenir sur les raisons de cette élection, concentrons nous plutôt sur les incidences pour les marchés financiers. Les marchés ont d’abord douté, surtout durant la nuit de l’élection, avec une baisse des indices futures US actions d’environ 5%. Les marchés asiatiques et chinois ont également marqué un repli assez important. Dans le même temps nous avons assisté à un retour sur les valeurs refuges (or, taux souverains, …) puis la tendance s’est inversée en raison d’un discours de victoire assez consensuel et d’une rencontre pacifiée avec Obama à la Maison Blanche. Le marché s’attend donc à la mise en place d’une politique américaine « reflationniste » (baisse du taux d’impôts sur les sociétés, dépenses dans les infrastructures, moindre régulation et remise en cause de la politique monétaire accommodante de J. Yellen). Rien ne semble alors empêcher la remontée des taux en décembre et cela permet aussi d’expliquer la forte hausse du dollar qui s’en est suivie.
La semaine passée, les indices boursiers (y compris vendredi) ont ainsi connu une évolution positive : +2,56% pour l’Eurostoxx50, +2,55% pour le CAC40 et +3,98% pour le DAX. Le DJ affiche aussi une hausse de +5,36% et le Nasdaq de +3,78%. Le NIKKEI a connu lui aussi une assez forte progression à +2,78%.

Marchés financiers et donne politique : le grand écart !

Beaucoup d’analyses politiques, à raison d’ailleurs, font un lien entre le vote du Brexit et le vote pour Donald Trump. Les comportements des marchés financiers semblent aussi assez identiques : d’abord une faiblesse liée à l’effet de surprise et à la digestion de la nouvelle et ensuite, les perspectives économiques reprennent le dessus et les marchés retrouvent une certaine rationnalité. Ainsi en faisant fortement monter les valeurs financières, le marché table aux Etats-Unis sur une abrogation de la loi Dodd-Frank de 2010 qui a durci la réglementation de l’industrie bancaire et à l’inverse les valeurs technologiques ont été délaissées, car elles ne profiteront pas du nouveau programme économique. Le plus grand effet positif s’est également fait sentir sur les valeurs pharmaceutiques qui avaient fortement souffert de l’éventuelle victoire de Clinton (baisse attendue du prix des médicaments, poursuite de l’Obama Care, ….). Ainsi ce comportement contre-intuitif des marchés s’explique par plusieurs éléments. Tout d’abord, le Président va pouvoir s’appuyer sur une majorité républicaine à la Chambre des Représentants et au Sénat, ce qui a pu rassurer les marchés par rapport à une victoire qui aurait été faible, donc contestée. Néanmoins, Trump aura du mal à imposer son programme auprès d’une frange républicaine très opposée à son extrémisme, notamment sur le plan du protectionnisme. Le marché s’est donc en partie persuadé de la non application partielle de son programme tout en prenant en compte certains effets jugés positifs. Ainsi, le nouveau président entend lancer un plan d’investissements en infrastructures de plus de 1 000  milliards de dollars (916  milliards d’euros) sur dix ans, il a aussi annoncé des baisses d’impôts en promettant qu’elles n’affecteraient pas le déficit, déjà élevé des Etats-Unis. Cela reste totalement impossible sauf à admettre que la croissance économique atteigne en moyenne +3,5% sur les dix ans à venir. Dans ce contexte, le 10-ans américain a enregistré sa plus forte progression sur une séance depuis 2007 (+36bps sur la semaine à 2.075%) alimentant une rotation sectorielle marquée : surperformance des Bancaires +12%, Assurances +7%, Santé +5.75% alors que les valeurs sensibles aux taux baissaient fortement (Utilities -3.40%, Immobilières -1.40% ; biens de consommation -2.10%). Concernant les perspectives sur la politique monétaire américaine, les futures sur les Fed Funds anticipent maintenant à 85% la probabilité d’une hausse de 25bp des taux directeurs en décembre et cela explique aussi le dernier mouvement important de remontée du dollar par rapport à l’ensemble des autres monnaies.

EUROPE : l’embellie attendue tarde !

Les publications macroéconomiques de la semaine en Europe ont été plutôt décevantes : l’indice PMI des ventes de détail en zone euro recule en octobre (48.6 vs. septembre 49,6), les commandes d’usines en Allemagne s’inscrivent en baisse de 0,6% en septembre et la production industrielle en France est ressortie nettement en-dessous des attentes (-1,1%). Dans ce contexte un peu moins favorable et avec une dynamique haussière des taux souverains engagée par les Etats-Unis, la BCE cherche à enrayer la perspective haussière des taux souverains, qui pourrait contrecarrer le rythme de la croissance du PIB. Le représentant allemand J.Weidmann a ainsi rappelé que la BCE comptait mener son programme d’achats d’actifs jusqu’au bout. Le vice-président Constancio a pris quant à lui la peine de rappeler qu’il s’inquiète de l’incapacité des taux d’inflation « cœur » à se redresser en zone euro, ce qui implique une action durable de la banque centrale. La question importante que la BCE devra alors résoudre est de savoir si elle a la capacité et la force d’éviter que par simple mimétisme où flux financiers, on assiste à une ausse des taux longs en Europe.
Les chiffres français montrent toujours certaines difficultés. Le secteur privé a créé 52 200 emplois au troisième trimestre, en progression de 0,3% par rapport au T2. Dans le détail, les services continuent de créer des emplois (+31 300) quand l’industrie poursuit son déclin (-9 100), ce qui reste toujours un point négatif. Ce niveau reste insuffisant pour faire diminuer sensiblement le taux de chômage, d’autant que la production industrielle est repartie à la baisse en septembre (-1,1% par rapport à août) suite à un net recul des biens d’équipement (-4,9%) et de l’automobile (-5,7%).

Le rallye de fin d’année devrait se confirmer …

En dépit du résultat des élections américaines anticipé comme peu favorable à un plébiscite des investisseurs, on constate pour l’instant l’effet inverse comme si cette élection ne changera pas le scénario économique favorable déjà intégré par les intervenants. A court terme, cette analyse n’est pas totalement fausse car de toute façon l’entrée en fonction de Donald Trump ne se fera que le 20 janvier et la mise en place de son programme sera longue. Il est fort probable que la tendance que l’on a connu au cours des dernières journées se poursuive, à savoir la remontée des taux longs US, anticipant d’importants besoins nouveaux de financement. Ceci va avoir pour conséquence la poursuite de la hausse du dollar, la difficulté des pays émergents (ces derniers étant soumis à des pressions économiques plus fortes au regard du protectionnisme annoncé), et la poursuite de rotations sectorielles dans le domaine des actions. Il s’agit ainsi de continuer à avoir une vision positive du secteur bancaire, de la construction et des secteurs cycliques et au contraire il faut sortir des secteurs sensibles à la hausse des taux (Utilities, Telecom, immobilier, …). Les niveaux des expositions aux actions doivent être aussi augmentés afin de bénéficier de cette situation positive au moins à très court terme.

Source : Lettre hebdomadaire 360 Hixance am n°210, lundi 14 novembre 2016 – Jean-Noël VIELLE – Directeur de la gestion

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