L’éventuelle hausse des taux US …

septembre 2016

… l’élément clef de la volatilité des marchés.
Les mouvements boursiers de la semaine dernière sont significatifs de la nervosité des investisseurs que ce soit sur les actions, les taux, les matières premières et les variations monétaires. Lorsque les chiffres économiques US sont favorables, alors les marchés anticipent un relèvement des taux et la plupart des marchés enregistrent des baisses, avec généralement une impulsion plus forte sur les indices américains. A l’inverse, un regain d’optimisme est là lorsque les données macro sont en dessous des attentes. La tendance des données ayant été plutôt favorables, surtout en début de semaine, nous avons assisté à un marché largement baissier, la hausse de cet été ayant été pratiquement totalement effacée surtout en Europe. La réunion de la FED cette semaine pourrait s’avérer déterminante. Notre conviction est la suivante. Les récentes déclarations de plusieurs membres de la Fed tentent de convaincre sans succès les marchés d’un relèvement des taux au cours de l’année 2016. Nous pensons en conséquence que le 21 septembre, Janet Yelen va annoncer soit directement une hausse des taux dès septembre, soit une certitude pour décembre (plus probable) afin de ne pas surprendre les marchés. La présidente de la FED ne souhaite pas prendre les marchés par surprise, elle est trop prudente puisque l’on raconte que lorsqu’elle prend l’avion, elle arrive à l’aéroport la veille pour ne pas le manquer ! Dans ce contexte, ce sont les marchés US qui ont plutôt bien performé, donc le risque d’un décrochage US pourrait être fort surtout si les sondages en faveur de Trump gagnent du terrain.

La semaine passée, les indices boursiers sont une nouvelle fois en baisse : -3,86% pour l’Eurostoxx50, -3,54% pour le CAC40 et -2,81% pour le DAX. Le DJ affiche une hausse de 0,21% et le Nasdaq de 2,31%. Le NIKKEI a baissé de -2,63%, fortement pénalisé par la remontée du Yen.

Toujours des doutes sur la croissance économique mondiale

La surperformance des places américaines cette semaine s’explique par la baisse des anticipations d’une hausse des taux de Fed le 21 septembre prochain (Fed Funds : probabilité de 20% aujourd’hui vs. 30% vendredi dernier). Les dernières prises de parole de membres du FOMC avant la période de blackout de la Fed se sont avérées accommodantes : L. Brainard s’est montrée prudente face à de faiblesses potentielles du marché du travail et des risques conjoncturels à l’étranger, et le Gouverneur Tarullo a préféré attendre une amélioration des données macroéconomiques avant d’opter pour une hausse des taux. La publication d’indicateurs macroéconomiques plus décevants cette semaine a aussi renforcé ce sentiment : les ventes de détail sont ressorties en-dessous des attentes au mois d’août (-0.3% vs. cons. -0.1%) tout comme la production industrielle (-0.4%). Seul l’indice des prix à la consommation a dépassé un peu les attentes, mais ceci reste cohérent car depuis plusieurs mois, on sait que la consommation des ménages reste sur un « trend » favorable. Finalement, la difficulté à avoir une vision claire de la croissance mondiale explique les incertitudes des politiques des Banques Centrales et le comportement assez erratique des marchés financiers.

La chute des cours du pétrole (-5.73% sur la semaine à 43.25$ le baril) a aussi pesé sur le sentiment des investisseurs et a donné un sens négatif à la croissance mondiale après la publication du rapport mensuel de l’Agence internationale de l’énergie. Cette dernière a révisé à la baisse son estimation de demande mondiale pour 2016 (+1.2mb/j vs. +1.4mb/j précédemment). L’équilibre du marché pétrolier n’est pas attendu avant le S1 2017 (vs. été 2016). L’augmentation des stocks de produits raffinés aux Etats Unis a aussi contribué à la baisse des cours – les stocks d’essence ont progressé la semaine dernière de 570k barils (vs. cons. -700kb). Ceci devrait donc retarder la remontée des cours du baril de pétrole que nous annoncions la semaine dernière.

De même, les publications macroéconomiques de la semaine en Europe n’améliorent pas la perspective de croissance en zone euro : la production industrielle en juillet est ressortie en-dessous des attentes (-1.1% vs. cons. -1.0%), l’inflation ne décolle toujours pas en août (+0.2%) et l’indice Zew de confiance des investisseurs allemands en septembre a nettement déçu (0.5 vs. cons. 2.5).

Certains économistes commencent à remettre en cause l’importance de la reprise économique à partir de 2014 dans la zone euro. Ils mettent en avant le fait qu’une fois corrigé de l’effet de la baisse du pétrole sur la demande des ménages, il n’y a pas eu en réalité de reprise économique. Cette absence de reprise peut être attribuée à plusieurs facteurs : à la présence d’une forte contrainte extérieure dans les pays périphériques ; à l’absence de correction de l’excès d’épargne en Allemagne et aux Pays-Bas ; à la faiblesse des gains de productivité et de la croissance potentielle qui réduit la progression des salaires réels (hors effet du prix du pétrole). Enfin le faible investissement est dû à l’affaiblissement du commerce mondial.

Le secteur bancaire à nouveau malmené

La première banque allemande, Deutsche Bank, a chuté vendredi de 8,47 % portant à 46,77 % sa baisse depuis le début de l’année, après l’annonce d’une amende record aux Etats-Unis. La justice américaine lui a en effet demandé de verser 14 milliards de dollars pour solder un litige immobilier remontant à la crise financière de 2008. La question est de savoir si la banque pourra se remettre d’une telle amende alors qu’elle n’est déjà pas au mieux en termes de solidité de ses fonds propres. Quelques scénarios sont envisageables : fusion avec Commerzbank, que Deutsche Bank reconnaît avoir étudié , scission (et non plus cession) de Postbank, vente de son activité de gestion d’actifs, nouveau programme de réduction des coûts, etc…. . Dans son sillage, l’ensemble du secteur a reculé, creusant un peu plus ses pertes depuis le début de l’année. Pénalisée par la faiblesse des taux d’intérêt, l’industrie bancaire est malmenée en Bourse. Depuis janvier, Société générale chute de 27%, Crédit agricole, de 20%, et BNP Paribas de 14%. Cette chute frappe l’ensemble de l’Europe. L’indice Euro Stoxx Banks, qui regroupe trente valeurs est en baisse de 28% depuis janvier et a été divisé par cinq depuis 2007

Retour à la prudence !

Le FOMC de cette semaine (20 et 21) va constituer l’évènement principal de la rentrée. Nous attendons un nouveau statu quo compte tenu de l’absence de signal clair délivré par la Fed et d’un marché qui n’y croit plus beaucoup (18% de probabilité). Pourtant, l’économie américaine reste bien orientée malgré un « news flow » relativement volatil, les signaux des membres de la Fed sont de plus en plus « hawkish » et le contexte extérieur et financier n’est pas défavorable. L’enjeu de ce FOMC sera donc celui de sensibiliser le marché au scénario d’une hausse des taux en décembre. Il est en effet impossible de réaliser une opération lors de la réunion suivante, le 2 novembre à la veille des élections américaines. D’un point de vue stratégique, il faudra rester très prudent car si ce scénario se vérifie, les marchés américains en particulier pourraient mal réagir sur cette dernière partie de l’année. En revanche, ceci devrait être de nature à faire remonter fortement le dollar. 

Source : Jean-Noël VIELLE  – Lettre hebdomadaire 360 Hixance am n°202, lundi 19 septembre 2016

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