Fin des tensions géopolitiques, retour du fondamental propice aux marchés financiers.

avril 2018

Comme attendu, les marchés financiers n’ont plus été pollués par les questions géopolitiques et ce sont les publications des entreprises qui ont maintenu une certaine volatilité. Cette accalmie a permis à la dynamique haussière de se poursuivre sur l’ensemble des actions en Europe et aux Etats-Unis et nous avons aussi assisté à une hausse des taux souverains. Ceci s’explique par la remontée des anticipations d’inflation due à la hausse des prix du pétrole (73,6 $ le baril). A ces facteurs s’ajoute un retour de l’appétit pour le risque après la réduction des tensions protectionnistes. La pentification de la courbe des taux américaine a repris suite au maintien de la croissance à un haut niveau qui va conduire la Fed à poursuivre son resserrement monétaire. Ainsi le taux souverain US à 10 ans a atteint 2,92%, très proche de son plus haut du 21/02/2018 à 2,95%, alors que le taux allemand est à 0,58%. Ce spread s’est assez fortement écarté (2,34%) et redevient proche de ses plus hauts historiques. Cet écart a pour conséquence une hausse du dollar qui gagne sur la semaine +0,37% à 1,2286. Logiquement aussi l’or poursuit son mouvement de baisse, -0,67% à 1337,2 $ l’once d’or. Cette tendance devrait se poursuivre, le discours de la BCE cette semaine devrait rester prudent, ce qui fera à nouveau baisser l’euro. Ce vendredi, Mario Draghi s’est d’ailleurs exprimé dans ce sens et a mis en exergue plusieurs éléments. La croissance économique en Europe devrait se poursuivre et il est confiant dans l’évolution de l’inflation, la hausse du pétrole étant un paramètre important. Il réaffirme que la politique accommodante ne doit pas s’arrêter maintenant, il faut de la patience de la persistance et aussi de la prudence. Il a également souhaité que la hausse du prix des actifs se poursuive, d’où le maintien du biais positif de la politique accommodante de la BCE. Tout est actuellement mis en place pour que le mouvement de retournement du prix des actifs risqués continue par la détente des primes de risque des actions et des obligations. La reprise des gains de productivité va permettre un maintien de la croissance économique à un niveau élevé même si nous allons assister à moyen terme à une tendance inverse très progressive.
La semaine a été marquée par une reprise en Europe et aux US : +1,34% pour l’Eurostoxx50, +1,84% pour le CAC 40 et +0,74% pour le DAX. Les marchés américains ont enregistré des hausses moins conséquentes, le Dow Jones affiche une progression de +0,42% et le Nasdaq de +0,56%. Enfin, le Nikkei a progressé de +1,76%.

Désescalade des risques géopolitiques

Revenons sur les fondamentaux. Ni les Etats-Unis, ni la Chine n’ont intérêt à entrer dans un bras de fer d’où l’adoption d’un ton beaucoup plus conciliant entre ces deux puissances. Au Moyen-Orient, nous assistons aussi à une baisse des tensions. Même le dialogue entre les Etats-Unis et Kim Jong Un a repris et les deux Corées vont poursuivre, ce qui pourrait être mis à l’actif de la diplomatie de Trump. L’abandon des tirs de missiles Nord Coréen est un acte fort et enlève un facteur de risques important pour les marchés.
Désormais, la volatilité sera liée à la qualité des résultats des entreprises. Les premières publications réservent assez peu de surprises positives, hormis le luxe, la consommation et aussi certaines valeurs technologiques. La hausse de l’euro a néanmoins joué négativement comme attendu, les analystes étant toujours démunis pour intégrer ces effets négatifs. Tactiquement certaines entreprises vont utiliser ces facteurs de risques pour maintenir un discours prudent afin de garder une certaine marge de manœuvre pour les prochaines publications. Le point positif est qu’il n’y a pas de révisions baissières qui résultent de ces publications pour l’instant. Les perspectives de croissance des entreprises du Stoxx Europe 600 sont de +8,5% en 2018 et de 8,6% pour 2019 selon le consensus de Bloomberg, l’attente sur le premier trimestre est une hausse de +14%. Ceci donne un niveau de multiple de valorisation 2018 à 14,8 fois les résultats et de 13,6 fois 2019. Ceci témoigne d’une situation relativement saine, il n’y a pas de bulles de valorisation. L’Europe et les Etats-Unis bénéficient d’autre part de flux qui sont sortis des pays émergents à cause du risque protectionniste et d’une valorisation des émergents jugée trop élevée. Nous pensons qu’au moins à court terme ce mouvement de flux devrait se poursuivre.

Quelques bonnes surprises en matière de publications

Parmi les principales publications intervenues, on retiendra les bons chiffres du groupe Ericsson (hausse du cours de +17,5% ce vendredi). Ericsson a publié un Chiffre d’Affaires au T1 2018 en baisse moins marquée de 2% (vs -7% au T4 2017). La marge opérationnelle ressort au-dessus des attentes, grâce aux efforts de réduction de coûts, au pricing premium de la plateforme ERS (station de base de nouvelle génération) et du transfert de coûts de software en investissement. Le groupe fait aussi état de gains de contrats (Deutsche Telekom, KDDI…) avec des marges satisfaisantes. Le groupe s’attend toutefois à un ralentissement des investissements 4G en Chine et à une progression aux États-Unis. Cette publication a porté le secteur des technologiques et Nokia qui publiera la semaine prochaine en a aussi profité boursièrement, la publication et les perspectives pourraient aussi dépasser les attentes. Dans l’univers de la consommation, le groupe britannique Reckitt Benckiser confirme certaines difficultés des entreprises du secteur car l’environnement prix n’est pas favorable. La plupart des groupes de consommation confirment des difficultés à passer des hausses de prix sauf évidemment les entreprises du luxe (LVMH, Kering, ….).
Aux Etats-Unis, le leader mondial des services pétroliers Schlumberger a dépassé les attentes du consensus, confirmant la remontée des dépenses d’investissement dans le secteur, en particulier aux Etats-Unis. Cette publication s’avère très rassurante pour le secteur parapétrolier. En effet nous assistons à une hausse continue des cours de brut pour des raisons fragiles (la géopolitique au Moyen- Orient) et plus conjoncturelles (hausse de la demande aujourd’hui supérieure à l’offre). Vendredi, l’Opep et ses alliés, dont la Russie, se sont réunis à Djeddah pour faire le point sur les mesures de réduction de leur production mises en place depuis début 2017. Ils ont confirmé leur volonté de poursuivre leurs efforts de réduction de leur production pour soutenir les cours. L’Arabie saoudite souhaiterait désormais voir les cours monter entre 80$ et 100$. Le secteur pétrolier a désormais besoin d’investissement en exploration-production pour que la dynamique de la production tienne et évite que le déficit mondial ne se creuse dans un contexte de diminution des stocks mondiaux depuis mi- 2017. Schlumberger a indiqué que la reprise de l’investissement était d’ailleurs insuffisante dans certains pays (Mexique, Angola, Norvège) et que la production américaine de pétrole de schiste aura du mal à progresser dans les années à venir. En conséquence, la recovery boursière du secteur parapétrolier peut sembler proche, la plupart des entreprises se sont restructurées et sont encore à des niveaux de valorisation très faibles.

Le deuxième trimestre boursier devrait être très favorable

Sans être trop optimiste, ce deuxième trimestre devrait amorcer une phase de remontée de la valeur des actifs risqués sur fonds de risques géopolitiques moins élevés et de poursuite d’une amélioration économique en Europe et aux Etats-Unis. Nous situons cette remontée des cours jusqu’à la fin de ce trimestre, un discours un peu plus ferme de la Fed sur la remontée des taux en juin pourrait alors mettre un terme (temporairement ?) à cette recovery. Nous évaluons le potentiel de gain sur l’Europe à environ 10%. Sur les secteurs à privilégier, les premières publications de résultats donnent quelques messages intéressants. Comme indiqué précédemment, le secteur pétrolier et parapétrolier présente un intérêt en terme de valorisation et de perspectives. Le secteur bancaire doit aussi bénéficier de la hausse prochaine des taux et d’une amélioration des performances du segment de la BFI. Le secteur des télécommunications même s’il est assez endetté dispose aussi de trends de croissance attendu des bénéfices assez hauts et des mouvements de restructuration sont aussi attendus dans le secteur.


Source :
 Lettre hebdomadaire n°25, lundi 23 avril 2018 Jean-Noël VIEILLE – Chief Economist HPC membre du Groupe OTCex

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