Echec de Theresa May et victoire aux législatives de E Macron : un soutien pour les marchés ?

juin 2017

En politique, l’histoire se répète inexorablement à croire que personne ne retient les leçons du passé, à savoir que les élections ne sont pas un jeu. Jacques Chirac avait ouvert la voie en 1997, lorsqu’il dissout une assemblée pourtant à sa main, Cameron fera de même en demandant un vote sur le Brexit en 2016 pour asseoir sa légitimité interne et Theresa May adopte la même stratégie un an après : passer par de nouvelles élections anticipées pour accroître son pouvoir politique et sa capacité de négociation pour sortir de l’Europe. Ces différents votes se sont tous soldés par des échecs, le citoyen ne souhaitant plus se faire instrumentaliser par un vote. La situation française est évidemment différente, les élections législatives qui suivent immédiatement les présidentielles valident et amplifient le vote précédent pour donner une confortable majorité politique au nouveau Président élu. Cette ample victoire, actée définitivement la semaine prochaine va lui donner logiquement la capacité de mener à bien les réformes structurelles nécessaires de notre pays. Côté américain, l’ex directeur du FBI, James Comey, a chargé Trump et a bien confirmé les pressions subies sur l’enquête concernant les liens de Trump avec la Russie. Néanmoins pour l’instant le marché reste rassuré car nous sommes encore assez loin de l’hypothèse d’une destitution du président américain.

Cette semaine, le contexte boursier a été globalement moins favorable avec des baisses sur l’ensemble des marchés, hors quelques exceptions. La plupart des indices ont en effet chuté : -0,16% pour l’Eurostoxx50, -0,82% pour le CAC 40 mais +1,19% pour le DAX. Le DJ affiche aussi une hausse de 0,31% et le Nasdaq marque une forte baisse, -1,55% en raison de la chute ce vendredi de beaucoup de valeurs technologiques. Le NIKKEI a marqué aussi une diminution de 0,81%.

Vers une remise en cause du Brexit ? 

Alors qu’ils avaient vingt points d’avance sur l’opposition travailliste dans les premiers sondages, les conservateurs britaniques ont vu l’écart se resserrer dangereusement avant les élections. Après une campagne ratée et marquée par les attentats de Londres et Manchester, la Première ministre britannique a perdu sa majorité absolue au Parlement, ouvrant une période d’incertitude politique alors que le pays doit entamer les négociations sur le Brexit. Le premier effet de l’échec de Theresa May à obtenir la majorité absolue est la forte dépréciation de la livre sterling face à l’euro (-1,4% vendredi avec et 1 € = 0,878 £), les investisseurs s’inquiétent du manque de visibilité sur la position qu’adoptera le futur gouvernement lors du début des négociations sur le Brexit dans 10 jours. Cette baisse devrait se poursuivre et va entraîner une hausse de l’inflation importée, une perte de pouvoir d’achat et un probable ralentissement de la croissance au Royaume-Uni. D’ailleurs, Les statistiques sur la production industrielle ont déçu (respectivement +0,2% vs des attentes à +0,7%) et témoignent de l’absence de dynamique de l’économie britannique. Ces chiffres s’accompagnent aussi de données sur la construction décevantes. Nous avons aussi assisté à une baisse des taux longs anglais, -6pb et 1% pour les 10 ans, la Banque Centrale devant ainsi pratiquer une politique accommodante pour éviter la récession. T. May a néanmoins confirmé son intention de former très prochainement un gouvernement de coalition (avec le parti nord irlandais) et de tenir le calendrier des négociations. Du point de vue des marchés financiers, ce résultat n’est pas forcément défavorable puisque cela affaiblit la Grande-Bretagne dans son bras de fer avec l’Europe. Cela met aussi en lumière les contradictions du vote du brexit. Pourquoi sortir de l’UE que les britanniques ont largement contribué à créer ? Pourquoi dans la négociation chercher à garder des liens avec l’UE en ayant pour stratégie de payer un minimum de contribution? Comment valider après la vague terroriste les arguments de fermeture des frontières alors que les terroristes sont des ressortissants nationaux ? Même si cette élection n’était pas un nouveau vote pour ou contre le Brexit, son résultat exprime des questions fortes sur cette sortie. On peut donc imaginer du côté européen une négociation plus facile, donc une diminution du risque politique pour les marchés financiers.

Contexte économique toujours mitigé en Europe

Lors de sa dernière réunion de jeudi, la BCE a laissé ses taux directeurs inchangés. Mario Draghi a supprimé la référence aux “risques baissiers” pesant sur les perspectives économiques de la zone euro. La BCE voit désormais l’inflation progresser de 1,4% en 2018 et de 1,7% en 2019, soit +0,1% par rapport aux précédentes estimations. Nous restons sur le plan européen avec une croissance et une inflation toujours modérées, qui pourraient gêner les objectifs économiques de Macron en matière de réduction de la dette publique avec un déficit qui restera autour de 3% du PIB. La croissance française poursuit toutefois son redressement. La production manufacturière est sur une tendance très solide avec une hausse de +1,1% sur un an. La France bénéficie d’une demande étrangère plus forte suite à l’accélération de l’activité dans le reste du monde. Cela a conduit la Banque de France à revoir à la hausse ses prévisions de croissance à +1,4% en 2017, +1,6% en 2018 et +1,6% en 2019. La consommation marque le pas cette année à cause de la remontée des cours du pétrole mais elle rebondira dès 2018. Elle profitera aussi de la baisse du taux de chômage favorisée par la hausse des investissements des entreprises.

Sur le plan macroéconomique, l’Allemagne a affiché des indicateurs mitigés en avril avec une production industrielle supérieure aux attentes (+0,8% vs cons +0,5%) mais des commandes d’usines qui ont diminué (-2,1%). La balance commerciale a aussi un excédent moindre à 18,1 Md€. Pour la Zone Euro, le PIB au T1 a toutefois surpris positivement à +0,6%. L’OCDE a par ailleurs revu à la hausse ses prévisions de croissance mondiale pour 2017, suite à une hausse de la confiance des acteurs, de la reprise de l’investissement et du commerce international. Elle table désormais sur un objectif de 3,5% pour cette année (vs 3,3% estimé) et de 3,6% en 2018.

Vers un CAC 40 à 6000 sur la fin de l’année!

Les facteurs politiques négatifs se détendent significativement en Europe. Les négociations sur le Brexit seront moins tendues désormais. Le nouveau gouvernement français fort d’une nouvelle légitimé va pouvoir réaliser des réformes structurelles importantes et surtout peut écrire avec Angela Merkel une nouvelle page de l’histoire européenne. La situation des banques italiennes devrait s’améliorer nettement aidée par la BCE et de nouveaux accords sur la dette grecque devraient intervenir en milieu du mois. Même si le contexte politique américain peut justifier la prise en compte de quelques risques, il existe un consensus pour mettre en place un programme économique favorable aux entreprises. Nous attendons ainsi au niveau des marchés financiers une poursuite de la hausse des indices en particulier en Europe. Cet objectif du CAC à 6000 points serait justifié par une diminution de la prime de risque, actuellement 6% et par une accélération de la croissance bénéficiare des entreprises.

Source : Lettre hebdomadaire 360 Hixance am n°239, lundi 12 juin 2017 – Jean-Noël VIELLE – Directeur de la gestion

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